Stages de Sylvothérapie et Yoga

Corine Moriou

PROFESSEURE DE YOGA – SYLVOTHÉRAPEUTE – CONFÉRENCIERE

Se ressourcer dans les bras des arbres

Booster son organisme avec la sylvothérapie

La sylvothérapie est une voie privilégiée pour vivre des retrouvailles avec Dame Nature de manière sensible, intelligente, respectueuse. La marche des cinq sens, des postures de yoga, de la relaxation, de la méditation au pied d’un arbre renforcent notre système immunitaire.

La sylvothérapie (du latin « silva » qui signifie forêt) consiste à faire des exercices en relation avec les arbres pour y trouver du bien-être, la prévention des maladies, voire la guérison. Elle renforce notre système immunitaire, éloigne les virus, nous rendant plus solide sur les plans physique et mental.

Avez-vous déjà enlacé un arbre ? En période de distanciation sociale, de stress et d’angoisse, le Tree hugging est préconisé aux amoureux des arbres. Vu de l’extérieur le câlin à un arbre peut surprendre. Mais il apporte « une sensation d’apaisement », « du réconfort », un « moment de grâce » témoignent les participants à une séance de sylvothérapie. Aucun risque de contagion, alors pourquoi s’en priver ? L’Islande recommande vivement cette pratique pour lutter contre l’anxiété et la solitude générés par le confinement. Pas question de s’arrêter devant le premier arbre venu. Mais il convient de bien le choisir et d’être choisi par lui. A plusieurs, chacun son arbre !

La nature nous l’aimons, mais nous n’y prêtons pas toujours l’attention qu’elle mérite. Ce fut une véritable prise de conscience pendant le premier confinement qui démarra le 17 mars 2020. Nous nous sommes repliés sur notre vie intérieure. Mais jamais les arbres, les fleurs, le chant des oiseaux ne nous ont autant manqués !

Ce fut d’autant plus frustrant que le printemps était là insolent affichant un soleil éclatant et un grand ciel bleu. Et nous devions rester confinés entre quatre murs. Sitôt après le 11 mai, nombreux sont les citadins qui se sont précipités à la campagne, au bord de la mer. Quoi de plus humain ? Nous faisons nous-même partie intégrante de la nature. Une nature, certes, souvent malmenée (nous le savons, on nous l’a suffisamment expliqué), mais indispensable à notre équilibre, à notre bien-être et … à notre survie.

Des retrouvailles avec Dame Nature

Aujourd’hui, la pandémie du coronavirus nous oblige à porter un autre regard sur la planète, sur nous-même. Un peu de solitude et d’introspection nous ont mis en face de nos réussites, de nos difficultés, de nos espoirs. Nous remettons en question nos modes de vie, nos habitudes, nos priorités. Certains ont décidé de quitter les grandes villes pour s’installer à la campagne.

De manière pratique, nous prenons nos vacances en France. Il y a pire punition ! Le pays est splendide offrant une grande variété de paysages bucoliques. C’est le moment de renouer avec Dame Nature, mais de manière plus sensible, intelligente, respectueuse.

La pratique de la sylvothérapie est loin d’être nouvelle. Au XIXe siècle, les patients du sanatorium d’Arcachon, atteints de tuberculose, de pneumonie ou d’asthme, faisaient des promenades en forêt et voyaient leur état grandement s’améliorer. Il faudra attendre plus d’un siècle pour que Georges Plaisance, ingénieur des Eaux et Forêts, se passionne pour l’impact de la forêt sur la santé et publie un livre intitulé Forêt et santé : guide pratique de la sylvothérapie, en 1985.

Des bains de forêt au Japon

Si la France est le pays qui a inventé la thalassothérapie, c’est le Japon qui a la palme d’or pour la sylvothérapie. Au pays du Soleil levant, le Professeur Qing Li, éminent médecin immunologiste japonais, associé à la Nippon Medical School à Tokyo, a démontré, en 2004, l’impact positif des shinrin-yoku (« bains de forêt ») sur notre métabolisme. Très respecté par les autorités étatiques, le Pr Li a donné l’impulsion pour créer des centres de shinrin-yoku. On en dénombre aujourd’hui une soixantaine sur l’ensemble du territoire. Il est vrai que le Japon est recouvert à près de 70 % par la forêt. On y vient soit pour un bain de forêt de quelques heures, soit pour une cure d’un week-end ou d’une semaine. En France, il n’y a pas l’équivalent des shinrin yoku. Mais 75 % des Français vivent à moins de 30 minutes d’une forêt (31 % de notre territoire). Sachez que les conifères (ou résineux) comme les sapins et les mélèzes sont des espèces stimulantes. Ces arbres à aiguilles sont bien adaptés aux personnes qui ont besoins d’énergie. Si nous tendons nos bras vers des feuillus, comme les charmes, les chênes et les hêtres, nous gagnons en sérénité et nous avons moins de stress, un meilleur sommeil.

Renforcer son système immunitaire

Des études scientifiques ont démontré que la sylvothérapie renforce le système immunitaire. Les arbres ont des bienfaits sur le stress, les états dépressifs, les troubles du sommeil, le burn-out, la tension artérielle, l’arthrose, le diabète, l’obésité. Comme si la forêt était un antidépresseur naturel. Par ailleurs, il a été prouvé que les bains de forêt augmentaient de manière significative l’activité des lymphocytes NK (Natural Killers), ces célèbres globules blancs capables de tuer les cellules cancéreuses. Tout cela gratuitement, sans effet secondaire et risque d’addiction. N’en jetez plus ! Quelles explications donnent les auteurs de ces recherches en dehors des sentiers battus ? Dans une forêt (ou un bois), on respire un air riche en terpènes et phytocides, des molécules volatiles antimicrobiennes. Ces substances produiraient l’effet d’un anti-inflammatoire, auraient des vertus tonifiantes et décongestionnantes. Elles favoriseraient la sécrétion de sérotonine, la fameuse hormone du bonheur. Le taux de cortisol, associé au stress, baisserait et génèrerait notamment un sommeil de meilleure qualité. Il a été prouvé qu’une immersion d’une journée dans une forêt a un impact sur notre bien-être pendant une semaine. Un séjour de trois jours produit ses effets pendant un mois. Et une semaine nous transforme pour la vie ! L’arbre intérieur qui est en nous s’épanouit, déploie ses branches, tend sa cime vers la lumière.

Un ensemble d’exercices en communion avec la nature

Nous n’entrons pas dans la forêt, mais la forêt entre en nous ! Nous ne cherchons pas à mettre des noms sur les arbres, mais à ressentir. Pour une séance de sylvothérapie, il n’est pas nécessaire d’avoir une bonne condition physique, et d’être en forme comme pour effectuer une randonnée de 20 kilomètres. On marche peu, lentement, à l’écoute de ses sensations. C’est là que le rôle du sylvothérapeute est important. Celui-ci utilise un ensemble d’exercices en communion avec la nature, en fonction de son parcours personnel et de son expérience. La marche des cinq sens en pleine conscience, des postures de yoga, des respirations et des étirements sylviques, de la relaxation, une méditation au pied d’un arbre favorisent le lâcher-prise, aident à voir les choses de manière plus claire, à développer son intuition. Le land art (par exemple l’utilisation de végétaux et minéraux pour faire un portrait), l’écriture d’un haïku (poème japonais en trois vers) stimulent l’imagination et tout ce qui a trait à la créativité. Les cercles de paroles facilitent les échanges entre les participants, ravis, étonnés, parfois un peu sonnés par tant de découvertes. Après avoir réalisé les pouvoirs de ces géants terrestres, par bien des aspects plus résistants et inventifs que nous les humains, nous ne « consommons » plus de la nature, mais nous remercions ces êtres de chlorophylle d’exister. Les arbres sont là, magnifiques, apaisants, humbles. Ils valent bien des grands maîtres spirituels si nous nous donnons la peine d’aller vers eux.

Et si on allait plus loin ?

A lire

La vie secrète des arbres (en version illustrée aux éditions Les Arènes, 2017). Peter Wholleben, l’auteur de ce best-seller traduit en 32 langues, est devenu en quelques mois un garde forestier plus célèbre que l’Amant de Lady Chatterley.

A regarder

Le génie des arbres, documentaire d’Emmanuelle Nobécourt (2020, 95 minutes) nous invite à un tour du monde pour voir les spécimens les plus intéressants (jusqu’à 5 000 ans d’âge pour le doyen, un pin Bristlecone de White Mountain en Californie), découvrir leur hypersensibilité, leur solidarité et leur rôle indispensable pour l’équilibre de la planète.